Le 8 novembre dernier, les marins du Vendée Globe ont quitté le port des Sables d’Olonne pour participer à la course de voile la plus convoitée au monde. Durant les prochains mois, 33 skippers vont arpenter les océans du monde entier en solitaire et faire voyager les français restés confinés.
Le 18 novembre, 9 jours, 23 heures et 59 minutes après le départ des Sables d’Olonne, Alex Thomson (Hugo Boss) est le premier des 33 skippers du Vendée Globe à franchir la symbolique ligne de l’équateur et à entrer dans les mers du sud. Ce britannique participe à son cinquième Vendée Globe et il est bien parti pour le remporter. Premier au classement depuis plusieurs jours, avec un bateau ultra sophistiqué et une détermination sans limite, il est l’un des favoris de cette neuvième édition du Vendée Globe. Les jeux ne sont pas faits pour autant puisque Thomas Ruyant (LinkedOut), Charlie Dalin (APIVIA) ou encore Jean Le Cam (Yes We Cam!) restent à peu de miles d’écart.
Durant ces premiers jours de course, les skippers ont déjà fait face à plusieurs grosses dépressions avec des vents allant jusqu’à plus de 40 nœuds, soit environ 70 kilomètres par heure. Si une bonne partie de la flotte a pu passer à travers sans trop de dommage, beaucoup ont été forcé de prendre une pause pour faire des réparations sur leurs navires.
Certains chanceux ont pu se contenter de recoudre leurs voiles ou de simplement retaper leurs bateaux. Ce n’a pas été le cas de Nicolas Troussel (Corum l’Epargne), qui a été contraint d’abandonner la course mardi 17 novembre après avoir démâté. Jérémie Beyou, le Français favori, a quant à lui été obligé de retourner à Port Olona, le 11 novembre, ce qui lui a fait prendre un retard critique sur le reste de la flotte.
Une édition menacée par le Covid-19
Comme la plupart des événements sportifs internationaux, le Vendée Globe a bien failli ne pas avoir lieu cette année. Finalement, à l’image de Roland Garros, du Tour de France ou encore des 24 heures du Mans il a pu se dérouler, non sans un grand nombre de précautions sanitaires. Les skippers ont dû respecter un confinement d’au moins une semaine avant le départ de la course et chaque écurie devait avoir à sa disposition un navigateur remplaçant en cas de contamination du marin prévu initialement.
L’organisation du traditionnel village départ du Vendée Globe qui se tient habituellement quelques semaines avant le départ de la compétition a elle aussi été bouleversée par le Coronavirus. C’est masqués et en nombre réduit que les Français ont pu admirer les bateaux depuis les pontons du port Olona en Octobre avant que le reconfinement ne soit prononcé et que le village ferme définitivement. Confinement oblige, les 9 000 personnes attendues sur le chenal des Sables d’Olonne pour souhaiter bon vent aux skippers ont été obligés de regarder le départ de la course sur leur canapé. Seuls les quelques chanceux possédants des appartements sur les bords de l’eau ont pu faire entendre leur voix pour contrer un peu la tristesse de ce départ et réchauffer le cœur des navigateurs.
La course de tous les records
Depuis sa première édition en 1989 le Vendée Globe a énormément évolué. Même si la course a jusqu’ici toujours été remportée par des Français, neuf autres nationalités sont représentées cette année. Il y a aussi une recrudescence du nombre de femmes participants. Elles étaient six à prendre le départ en 2020 alors qu’elles n’avaient jamais été plus de deux au départ des précédentes éditions. C’est une belle avancée pour la représentativité des femmes dans la voile qui reste un sport trop souvent incarné par des figures masculines. La course de cette année compte aussi pour la première fois un marin souffrant de handicap. En naviguant face à 32 autres skippers à la condition physique habituelle, Manuel Cousin (Groupe Apicil), né sans main gauche, montre une vision beaucoup plus inclusive des sports nautiques. On observe aussi un rajeunissement de la voile qui dans le stéréotype est plutôt pratiquée par des personnes assez âgées. Pour cette édition, ce sont 18 bizuths qui ont pris part à leur premier Vendée Globe, le benjamin étant Alan Roura (La Fabrique) âgé de 27 ans.
Tous ces chiffres montrent que la voile n’est pas un sport figé mais qu’il est au contraire en constante évolution. Les profils des skippers changent, les sponsors mettent à disposition plus d’argent et les bateaux sont de plus en plus sophistiqués. Tous ces changements font que chacune des éditions du Vendée Globe, organisé tous les quatre ans, est singulière et ne ressemble à aucune autre.
Lucie Besse Razac
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